Quatrième séance : création
C’était peut-être la journée la plus importante, celle où le travail accompli jusqu’ici devait se concrétiser.
Dans un premier temps André et moi sommes revenus sur la rencontre avec Ming. C’est vrai que cela avait été une rencontre forte, pour tout le monde (pour moi et André, entre autres) ; c’est peut-être le moment où l’on a pu comprendre le pourquoi de son œuvre. Ensuite, nous avons écouté une pièce de Xu Yi (compositrice chinoise vivant en France) : Le plein du vide, pour petit orchestre et électronique. C’est un pièce très lisible, avec un parcours très clair, une opposition très franche entre un élément calme et un élément violent. Certaines élèves ont noté que cette pièce créait un sentiment de suspens, et d’étrangeté, et qu’on n’entendait pas toujours distinctement tous les éléments, même si le tout donnait un mélange cohérent ; et d'autre part, que les crescendo de la pièce faisaient penser à des vagues, ce qui est très juste. Une des élève a remarqué que cette pièce faisait penser à une sculpture de Tinguely qui est exposée au Centre Pompidou.
Puis nous avons fait la liste des mots qui s’appliquaient au tableau de Ming, en les classant en 3 catégories, qui correspondent aux 3 zones du tableau (le fond, le corps, la tête) ; puis nous en avons fait autant avec la pièce de Xu Yi, en deux catégories (les passages calmes, les passages violents). Beaucoup de mots, évidemment, s’appliquaient autant à la musique qu’à la peinture. Il y avait du vocabulaire traitant de sensation (léger, calme, violent), ou de geste (qui coule, souple, rapide et bref).
Ensuite, nous avons choisi des sons parmi la quarantaine que nous avions enregistrés : des sons pour la tête, des sons pour le corps, et pour le fond, tout ceci en se basant sur le vocabulaire. Puis chacun a choisi de travailler sur l’une des 3 zones, et a travaillé de son côté, en utilisant les sons choisis, en les mixant ensemble et en les transformant avec les effets. Lorsqu’un mélange était intéressant, le groupe qui travaillait dessus l’enregistrait et le faisait écouter à tout le monde avec le système de sonorisation.
L’après-midi, nous avons décidé comment diffuser les 3 zones. Il a été décidé que 2 haut-parleurs seraient placés sur le coté du tableau et qu’elles diffuseraient les sons correspondant à la tête. Deux autres seront placés derrière les auditeurs et diffuseront le corps. Les 4 enceintes diffuseront le fond, mais moins fort que le reste. Nous avons retravaillé sur le traitement des sons, et au cours de ce travail nous avons écouté « MÉ » de Philippe Leroux, qui est une pièce électronique, utilisant à la fois des sons enregistrés et des sons des synthèses, et qui travaille à la fois sur l’espace et sur les articulations et la logique du discours. Une élève a noté l'aspect ludique, enfantin de la pièce.
Enfin, pendant que 3 ordinateurs, contrôlés par 3 élèves, diffusaient chacun le corps, le fond, la tête, une 4e élève mixait le tout depuis la console. Le tout était enregistré par mon ordinateur.
Cinquième séance : restitution
Je pensais faire un montage des meilleurs passages des séquences ainsi créées ; en réalité, j’ai simplement sélectionné les deux dernières improvisations (les plus réussies je crois), en supprimant les « erreurs techniques » (clics de montage, saturations non maîtrisées, etc.) ; il en découle une pièce clairement séparée en deux parties, au cheminement naturel et intéressant.
Lors de la présentation, comme les élèves avaient préparé une présentation très construite, moi et André n’avons fait que les introduire brièvement avant d’écouter la pièce.
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